vendredi 13 juillet 2012

Andorra Célestrail : Une victoire c'est toujours mieux à 2 !


Alors là, des victoires comme ça, il est rare d'en vivre... Pourquoi?? Et bien parce qu'il faut que plusieurs choses rentrent en ligne de compte:
- un état de forme qui vous permette d'être devant et d'être à l'aise pour jouer la gagne
- un partenaire qui le VAUT bien et qui le VEUT bien!!

Et ces deux choses étaient réunies en Andorre ce week end, comme dans un joli conte de fées...

Tout commence par "il était une fois"... comme dans tous les contes évidemment!
Il était une fois dans un paradis (fiscal), un paradis perché au milieu des montagnes...


Une équipe d'organisateurs qui se dirent un jour... : "hey chez nous c'est hyper pentu et aussi... hyper pentu... Faisons courir des gens dessus histoire de voir...".

La fée des fleurs, Valérie (Valérie LAFLEUR, l'organisatrice),
Ici en compagnie de "Speedy Vivi" (Virginie Govignon) 
et son lutin de mari, Gérard, prirent leur corne de brume et crièrent dans tous le pays que des gens viendraient courir sur leurs chemins enchantés.
Les habitants, tous émoustillés, vinrent aider la fée et le lutin pour mettre en ordre cet évènement.
En un tour de balisage et de bonnes volontés, ils créèrent plusieurs parcours pour qu'il y en ait pour tous les goûts.

- une quête pour les trolls qui n'ont pas la chance de pouvoir virevolter sur les sentiers

- une quête pour les rapides farfadets
- une quête pour les vigoureux lutins des montagnes qui n'ont pas peur de passer toute une nuit ou plus, dehors à la belle étoile
- une quête pour les valeureux gnomes pleins de muscles et d'endurance, qui n'ont pas peur de passer plusieurs longues heures à crapahuter dans des sentiers mythiques
- et enfin une quête pour des géants venus des hautes terres de trail pour faire le tour de tout le royaume (170km et 13 000m D+)

Tout ce petit monde s'est réuni début juillet non loin du coeur du royaume, à Ordino, pour crapahuter avec le sourire et les crampons bien éguisés.

Pour ma part, j'ai rejoint Ordino avec ma fée à moi, la fée Flopett, faiseuses de bonheur et de délicieuses barres magiques du même nom...

Je m'étais bien préparé pour cette épreuve... le Célestrail. Car oui, je ne suis encore qu'un petit lutin des montagnes, vigoureu, et rapide... mais pas assez grand pour les autres parcours.
Voici le parchemin qui résume le profil...
Le départ au coucher du soleil...
Au coucher du soleil?
Oui car les organisateurs ont voulu corser l'épreuve et nous faire parcourir leur contrée à la lumière d'une torche pour mieux ressentir l'âme du pays.
Moi j'ai pensé qu'ils étaient fous et que l'on allait rencontrer des ours et autres dragons des montagnes...

Alors avant de partir, j'ai consulté un ami lutin qui allait aussi courir cette course et que je savais très valeureux... Sébastien Buffard du clan Brooks! (Mais nous avons un point commun, nous avons le même fournisseur de ripaille et autres graines bio : OKIDOSPORT... la meilleure épicerie  bio de toute la contrée!)
Séb c'est celui qui nous dépasse d'une tête en bleu!! :)

Je lui ai proposé un deal... si nous nous retrouvions en tête nous pourions courir ensemble pour passer la nuit de manière plus confortable.
Evidemment, tout ceci n'était qu'un plan de ma part. Je comptais en réalité sur lui pour me cacher derrière sa grande carrure de chevalier... lorsque nous rencontrerions les monstres de la nuit!

Le départ est donné, et nous filons en groupe dans les petits sentiers qui nous mènent à la première montée du jour.


Nous faisons, à notre grande surprise, le trou avec les poursuivants assez rapidement.

Dans les premiers km de la montée, je me sens pousser des ailes (peut-être celle de ma fée Flopett??). Sébastien me conseille de ralentir pour assurer le reste du parcours. Il a raison, il ne faut pas s'enflammer.

Un petit lutin andorran se joint à notre groupe. Puis deux lutins ibériques.
Le grand Sébastien, mène le train... comme prévu, et nous nous cachons tous derrière lui.
Au sommet, pas de monstres, mais un peu de brouillard. Nous commençons à faire un écart avec nos copains de galère. Les torches françaises semblent mieux éclairer que les autres...
Bon là... je vous rassure, je n'ai pas vu ça du tout lors de la course (l'obscurité gâchant un peu le paysage...)
Je cède un peu de terrain à Sébastien lors d'un pointage électronique (un nouveau mot qui n'a rien à faire dans un conte). Ma puce électronique ne passe pas et Sébastien file sans m'attendre car nous sommes malgré tout en course.
Je ne m'affole pas (d'être seul dans la nuit), et tente de le rejoindre progressivement.
Au Pla d'estany, je me suis un peu égaré...

Dans la deuxième montée, je le rejoins en haut, moi ayant un peu accéléré et lui raletit pour m'attendre ( il devait avoir peur de courir seul aussi... à cause des monstres évidemment!)
Le Pic de la coma perdosa depuis la portella de Sanfons où nous sommes passés
Mais nous, on a vu .... ça!

En haut, nous filons de nouveau tous les deux à bonne allure vers le col de la Botella.
Le point de ravitallement est le bienvenu pour refaire le plein d'énergie et pour croiser des autochtones...
D'ailleurs l'une d'entre elle a voulu se prendre en photo avec nous...  :)

Les heures passent et nous enchainons les montées et descentes tout en papotant de tout et de rien. Il me parle de sa fée... Cécile et moi de la mienne..., des entrainements, de nos coach, de notre alimentation (la mienne à base de graines et de racines et lui à base de sanglier et de champignons ariégois)... comme si nous étions assis dans une taverne à siroter un bon jus de salsepareille!
Tels Perceval et Karadoc!
Sur certaines portions sa forme baisse et je ralentis car on s'est promis de rester ensemble. Sur d'autres c'est moi qui subit le rythme ou qui lui demande de baisser un peu l'allure.

Nous sommes à mi-parcours et en bon état. Plus que la moitié à Escaldes! Nous filons dans les rues de la capitale du royaume (Andorra la viella) pour remonter dans des sentiers très raides.
Notre allure est correcte, notre pas léger. Nous volons sur les sentiers. Le temps passe assez vite finalement. Je ne pense qu'à finir le plus vite possible, je ne pense qu'au lever du soleil, qu'à voir ses premiers rayons.

Nous arrivons sur une partie relativement plane (d'après notre parchemin!). Nous relançons l'allure entre 13 et 14km/h. Nous dominons des balcons, parait-til magnifiques en plein jour... mais nous... nous ne voyons rien... que l'éternelle lueur de la torche et le derrière du copain!



La partie plane est en réalité une succession de montagnes russes (montées et descentes) qui usent le corps et le moral. Nous nous encourageaons pour ne pas ralentir. En réalité, nous ne savons pas où sont nos poursuivants.

Il nous ne reste à ce moment que deux grosses difficultés majeures à franchir: le col Cauba et le col Arenes. Nous continuons à alterner course et marche.
Mon moral a des hauts et des bas. Je pense à ma douce qui est en train de dormir à ce moment précis, je pense à tout, à rien, à aprés, à tenir l'allure pour ne pas ralentir Sébastien.

Le jour pointe ses premières lueurs au pied de la dernière montée, le Coll Arenes (2600m).
Le moral revient mais ma forme commence à défaillir. Je m'alimente de Flopett's et autres mets pour me redonner de la vigeur.
Nous montons en marchant parce que les km nous ont tous les deux usés.

Mais là, à quelques encablures du sommet (350m de dénivelé en contrebas), nous voyons un mur se dresser devant nous !

"Hola l'ami... vois-tu où nous devons grimper?!!" me dit-il... Je lui lance : "Crois-tu que le rois des lutins des montagnes , Kilianou, est capable de courir sur ces raides pentes où nous sommes SALOMONDE... heu seul au monde (je m'égare!)?"
(Séb, si tu me lis...je romance pour le blog, hein, je ne pensais pas vraiment être un lutin quand on courait!!... Non je suis pas un pshychopathe!!)

Ouf ! Le sommet! Juste le temps d'enfiler ma nouvelle super cape fluoréscente, ultra légère en gore tex de chamoix du Pérou... et nous plongeons vers la fin de notre quête...
(Comment j'ai trop bien placé la nouvelle veste Lafuma dans mon récit!!!)

La pente est comme le reste du parcours : exigeante et raide. Nos pas (surtout les miens) sont irréguliers et lourds. Mon pas léger a disparu! En plus une petite douleur vient altérer ma foulée au niveau du genou (vielle blessure que j'avais contractée à cause d'une chute au pays des lutins basques au mois de mai)

Pas grave, il reste moins de 10km à parcourir pour passer l'arche d'arrivée en vainqueur. C'est une belle motivation ça, non??
Je me remotive et tente de suivre Sébastien qui aurait pu partir en solo et remporter largement cette épreuve. Mais non, Séb court à mon rythme. Un vrai pote!

Dernier sentier raide à gravir sur quelques centaines de mètres, au milieu de la descente, histoire de bien nous rappeler que nous ne sommes pas encore arrivés.

Et nous poursuivons notre folle descente. Houraaaaaaaaaa! La route!!! Enfin la route! Là, nous commençons à savourer notre remarquable performance.
Nous sommes bientôt arrivés. Séb regarde sa montre depuis un moment car il voulait voir sa petite fée courir sur le trail des rapides farfadets (le trail de 35km) mais ils ont déjà dû partir pour rejoindre le départ.

Nous courons à allure modérée pour terminer avec le sourire. Mon genou me gène un peu mais je savoure cet instant magique. Il est tôt le matin et nous avons partagé une course à deux, c'est une première pour chacun de nous.

Enfin l'arche, le public de la contrée est peu nombreux. Les organisateurs ne nous attendez pas si tôt.

A cet instant, je ne vois que ma Flopett et ses ailes qui frétillent en me voyant. (la pauvre a passée une sale nuit croyant que j'avais abandonné parceque la puce électronique ne marchait pas bien tout le long de la course).

Je prends la main de Sébastien et nous passons la ligne ensemble en vainqueurs. C'est un moment génial. Une aventure humaine extraordinaire. Nous nous sommes donnés pour gagner tout en écoutant l'autre et en l'aidant quand ça n'allait pas.
N'est-ce pas là l'essence même du sport? Le goût de l'effort, du partage, du dépassement de soi, du fairplay??

Bref, nous nous embrassons et nous assayons (nous affalons) sur des chaises qui prennent l'allure de trônes...
Le repos des guerriers

Ce geste semble bénin mais ça fait 11h19 que nous ne nous sommes pas assis pour nous reposer. Chaque ravitallement s'est fait rapidement. Nous nous posons enfin...

Victoire à deux sur le Célestail. Pour rien au monde je n'aurais voulu que ce soit différent. C'était parfait.
Sébastien est un gars génial et simple, comme j'aime...  Nous appartenons à deux clans différents (Brooks et Lafuma) mais nous avons fait course commune. Voilà, tout est dit!

Le lendemain de la quête
Cette journée s'est partagée entre sieste, podium...


Et balade entre amis (où nous avons passé du bon temps avec le druide Sylvain Bazin et la fée Vivi Govignon dans les sources chaudes d'Andorra la Viella) pour aller voir courir les copains.
Le druide Sylvain pendant sa course... il a dû abandonner ...
Avec Vvi et Flopett juste après une virée aux thermes Caldéa!
Antoine Guillon (du clan Lafuma) au ravitaillement du Vall d'Inclès sur l'Ultra Mitic...
Le guerrier Bruno Bareilles (du clan TECNICA)...

Nous avons passé un super séjour, dans une taverne très sympathique où nous avons été reçus comme des rois.
Merci à tous, merci à la fée Valérie et son lutin Gérard pour avoir osé faire une course dans ce pays raide et aiguisé!